Comment j’ai failli ne jamais voir Barcelone…

Aéroport d’Orly. Après avoir laissé mon fauteuil roulant pour qu’il puisse être mis en soute (ou plutôt devrai-je dire, après l’avoir abandonné entre les mains de parfaits inconnus, qui malgré leur sensibilité ne peuvent pas se rendre compte à quel point cet engin à roulettes m’est précieux), on m’installe dans un fauteuil manuel et j’attends en salle d’embarquement. Et là, alors que l’embarquement commence, on vient me chercher car il y a un problème avec mon fauteuil roulant… Bon, à 30min du décollage, autant dire que je n’en ramène pas large. Surtout que c’est bien mon fauteuil roulant qui m’inquiète à l’idée de prendre l’avion. Et ce même si c’est mon premier vol.

On me fait retraverser l’aéroport, et je me retrouve là où j’avais laissé mon bolide, alors cernés par des membres de l’aéroport, de la sécurité, de la police et de mes parents, qui m’avaient accompagné à l’aéroport et qu’on était gentiment venus recherché avec un « il y a un problème avec le fauteuil  roulant de votre fille ». Et le « problème » est de taille : « On a trouvé des traces d’explosifs sur votre fauteuil ». « Hein ?! Comment ça des explosifs ?!! » Ca c’est ce qu’on appelle une surprise. Une bonne blague dont on se passerait bien ! Après avoir rempli une décharge (non je ne suis pas une terroriste !) et qu’on ait vérifié que mes mains n’avaient pas manipulé de détergents & cie, voilà qu’on appel un chien renifleur d’explosif ! L’ensemble fait que c’est un poil impressionnant quand même. Et le tout avec le tic-tac de l’heure du départ qui avance dangereusement. Heureusement, le commandant a bien voulu m’attendre. J’ai finalement eu le feu vert pour embarquer. Ouf ! J’avais cependant peur qu’ils n’aient pas le temps de charger le fauteuil en soute, en plus de ma peur initiale de le retrouver en morceaux à l’arrivée. Gros bazar émotionnel tout ça!

Mais ce n’est pas fini pour autant! Non non non! Car si mon fauteuil m’attendait bel et bien à Barcelone, il ne fonctionnait plus. Quand on se retrouve sans aucune possibilité de mouvement, qu’on essaie tous les bidouillages possible pour le remettre en marche, le tout avec un technicien qui ne parle pas un mot de français ni d’anglais (et moi pas un mot d’espagnol ni de catalan) eh bien…eh bien je n’ai pas fait la maline encore une fois… À ce moment là, j’ai vraiment regretté d’être seule. À deux on se sert les coudes. Et à deux, la possibilité de me pousser existe. Répéter au comptoir des réclamations que non, personne ne m’attend ici, ni ami, ni famille, juste moi, et bien ça enfonce le clou. Oui cocotte, t’es toute seule et t’es pas sortie d’affaire. Malgré les kilomètres, j’ai eu le réflexe, assez stupide je sais, d’appeler mes parents en mode « Je suis bloquée. Une idée? » Comme si ils allaient trouver la manipulation magique pour remettre mon fauteuil en route, de la même manière qu’un magicien sortirait un lapin de son chapeau. (Même si ça aurait pu être le cas. Ils sont super fort mes parents). Cependant, j’ai eu un autre réflexe, plus censé cette fois : appeler le vendeur de mon fauteuil.

J’ai passé presque 2h30 à espérer trouver une solution. Je jonglais entre les coups de fils de mes parents inquiets et ceux de mon vendeur. De leur côté, le personnel de la compagnie tentait de trouver une solution (un prêt de fauteuil manuel+un taxi ? bah non je ne peux pas me pousser… Louer un fauteuil électrique le temps de mon séjour et me faire rembourser après par la compagnie ?)
C’est Stéphane, mon vendeur de fauteuil, qui m’a sorti de ce pétrin. Le joystick de mon fauteuil était bloqué. Il a pu me transmettre le code de sécurité le déverrouillant, et c’était fini ! Fini la galère, l’incertitude et les larmichettes aux bords des yeux ! FINI !

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6 commentaire(s)
  1. Virginie20/11/2013

    Chère Audrey, Un petit commentaire de ma part suite à cet article fort intéressant et manifestement rempli d'émotion. Je vois que ce n'est pas de tout repos pour toi mais j'espère quand même que tu profiteras de tous tes voyages et qu'il n'y aura plus d'accident désormais ! Bonne chance pour la suite et si tu passes de l'autre côté de la Manche (oui, oui, l'Angleterre), fais-moi signe. Bisous, Virginie

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    1. Audrey20/11/2013

      Merci Virginie! En effet ce n'était pas de tout repos, mais ça fait partie du voyage. Heureusement tout est rentré dans l'ordre. J'espère que ce sera moins mouvementé à l'avenir quand même... Merci pour l'invitation! Ca me ferait plaisir de te voir. Pas de voyage outre-manche de prévu pour le moment, mais qui sait... A bientôt. Je t'embrasse.

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  2. cécile21/11/2013

    hééé bien ma belle!!! c'est dingue cette histoire!! j'espère que la suite se déroule avec moins d'embuches! je te fais pleins de bisous! amuse toi bien!!! et ramène nous du soleil!!!!

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    1. Audrey21/11/2013

      Pour le moment tout se passe très bien! :) Barcelone est vraiment une ville sympa, et je n'ai encore rien vu! Je t'embrasse!

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  3. Froschard22/09/2019

    Bonjour Mon père expérience avec un fauteuil électrique. J'ai deux batteries de 192 watts chacune or il est interdit de transporter des batteries de plus de 160 watts chacune ou plus de 2 grammes de lithium. J'ai eu la chance d'avoir un commandant de bord compréhensif qui a mis un élément en tête de l'appareil et l'autre en queue. Il y a eu une heure de retard au décollage.

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    1. Audrey22/11/2019

      Merci pour ce partage ! Heureusement qu'il y a des personnes compréhensives...

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