En planifiant mon voyage, j’ai absolument tenu à faire une halte à Monterey, afin d’aller par la suite au Big Sur. Je ne pensais pas autant aimer cet endroit, que j’ai trouvé génial à bien des niveaux. Je n’ai pas trouvé des masses d’infos sur le Big Sur et son accessibilité en fauteuil roulant lors de mes recherches, alors j’ai simplement pris la navette qui y va et j’ai demandé au chauffeur quel endroit était le plus praticable pour moi. Il m’indiqua un stop, « River inn » qui se compose de plusieurs magasins de souvenirs pour touristes et motels. Très peu pour moi. Et encore moins pour y passer la journée. Je préférais tenter ma chance plus loin, vers Andrew Molera Park, en espérant pouvoir rejoindre l’océan. Le bus ne passant que deux fois par jour pendant le weekend, je repartirai 4h plus tard. Une fois arrivée, le garde forestier m’apprit qu’il n’y avait aucun accès pour fauteuil roulant dans le parc… Grande déception. La seule chose que je pouvais faire, c’est aller voir un petit ranch un peu plus loin. Il me donna aussi un journal. Bon. Dans ma tête ça faisait « nan mais tu ne me connais pas loulou, je vais aller voir de quoi il en retourne de ton chemin. Tu vas voir si c’est pas praticable! » Quand j’ai vu l’état du chemin, j’ai fait la grimace. Quand j’ai aperçu au loin la rivière qu’il fallait traverser à gué, j’ai blêmi. Si s’adapter et changer ses plans est courant en voyage, là je ne voulais pas m’avouer vaincue. Passer 4h à attendre en lisant un journal alors que j’étais là, avec un lieu magnifique tout autour de moi, que j’étais venue voir exprès, non, c’était vraiment trop bête de passer à côté.
Alors je suis retournée voir le garde forestier et son nouveau collègue, à qui j’ai expliqué ma situation. Il comprit rapidement, sûrement parce qu’il y avait écrit « DECEPTION » en gros sur mon visage. Ni une ni deux, le voilà qui réfléchit et m’interroge sur mon fauteuil. Il me dit qu’il y a un parc à quelques miles d’ici, où il y a des accès pour fauteuil. Mais comment y aller ? La route est bien trop étroite et sinueuse pour que je puisse la longer sans danger. Et il n’y a pas de bus. « Je vais t’emmener. C’est mon truck là-bas. » Heu ok, et comment on monte le fauteuil ? Il est lourd et le truck est haut. Alors on cherche de quoi faire office de rampe. Je le sens plein de bonne volonté mais à court d’idée. Je me vois déjà passer les 4 prochaines heures à attendre le bus avec mon journal… Mais finalement, il trouve des plateaux en bois, longs, solides, pile-poil la bonne largeur. Parfait ! Voilà le fauteuil à l’arrière du truck !
Comme d’habitude quand il s’agit du fauteuil, je suis à moitié rassuré. J’en ai cruellement besoin. Intact. Mais tout se passe bien. Travis, le garde forestier, a juste été adorable. Il s’est démené pour trouver une alternative et pour faire en sorte que je passe un bon moment au Big Sur. Et ce fut le cas ! Pffeifer Park est en effet en grande partie aménagée pour les fauteuils roulants. J’y ai vu mes premiers sequoïas mais aussi mes premiers écureuils gris, le tout dans la forêt et au bord d’une rivière. Bien mieux que de lire (et relire) un journal pendant 4h non ?!
En tout cas, je ne pensais pas voir un jour mon fauteuil comme ça, à l’arrière d’un truck américain ! C’était juste fou ! Et ce qui est remarquable surtout, c’est l’énergie que ce garde forestier a déployé pour me dépêtrer de cette situation. Les américains sont définitivement « so friendly » !
Excellent !! Cela fait chaud au cœur de rencontrer sur son chemin des personnes comme ce Monsieur ! Peut être que si tu partais en Bolivie, tu retrouverais ton fauteuil au sommet d'un bus. Quoi que là, je ne conseille pas pour qu'il arrive en bon état !
Oh oui ça fait du bien des belles rencontres comme ça! Heureusement qu'il était là! Mon fauteuil pèse 100kg, alors pour le porter à bout de bras sur le toit d'un bus en Bolivie (ou ailleurs), ça me parait compliqué!
Ah oui, en effet ! Je ne pensais pas qu'il était si lourd !
pour avoir passé un mois avec femme et enfants (3) aux US en camping car et parcouru 3800 KM, je confirme que les américains sont des gens serviables comme je n'en ai jamais rencontré ailleurs. je ne suis pas étonné d'un tel dévouement pour te rendre service. en tout cas si tu étais satisfaite, sois certaine que lui aussi l'était. Tes récits sont captivants. continue.... Dom
Serviables, attentionnés, avenants, et le plus souvent adorables... Je garde d'excellents souvenirs (et contacts) avec des personnes rencontrées là-bas. Et quand il m'arrive de croiser des américains en France, leur chaleur est la même, et elle me rappelle combien c'était un beau voyage. Ce jeune garde forestier qui m'a tant aidé, je pense en effet qu'il était heureux de se démener et de me rendre service. Une belle rencontre de plus. Merci pour ton message Dominique. Au plaisir de te lire, et je vous souhaite de beaux voyages et de belles rencontres à ta famille et toi.