Petite histoire de sensibilisation au handicap à l’école

Je voudrais profiter de cette période de rentrée scolaire pour vous ramener sur les bancs de l’école et parler d’une jolie histoire. Une histoire à laquelle j’ai pris part avec plaisir, qui m’a émue et fait sourire.

Après mon passage à Toute une histoire, vous avez été nombreux  à m’écrire. Je tiens à vous en remercier encore une fois. Annie fut l’une de ces personnes. Cette directrice d’école m’a expliqué dans son email que des élèves sourds étaient intégrés dans des classes d’entendants, et que tout ce petit monde échangeait et partageait ensemble, avec ou sans langue des signes. Et puis, Annie m’a également expliqué qu’elle avait mis en place des petits ateliers que j’ai tout de suite adorés, et auxquels j’ai pris un petit peu part… Avec son accord, j’ai souhaité vous raconter cette histoire. Annie a alors écrit un joli texte que je vous partage ici.

« Nos différences sont nos richesses … »

Enseignante en cycle trois, j’essaie chaque année de faire découvrir à mes élèves la phrase en exergue. J’ai le souhait qu’ils n’appréhendent pas la rencontre avec ceux qu’ils connaissent moins bien. J’aime à penser que l’école où je suis directrice est une école de toutes les « couleurs » : couleurs de peau, couleurs de vie, couleurs de milieu culturel, familial etc….

Pour cela, chaque matin, les enfants par petits groupes font un travail de recherches sur les ordinateurs de la classe par le biais d’internet. Lorsqu’ils sont tous « passés », au bout de deux ou trois semaines, maximum quatre, j’organise un débat et avec leurs notes, ils s’expriment, disent ce qu’ils pensent, ce qu’ils ont découvert.

Ainsi, nous avons parlé de la LSF (langue des signes française) – nous accueillons quelques enfants malentendants ou sourds dans nos classes -, de l’écriture Braille, du film « Sur le chemin de l’école » (que nous avons visionné), d’Anne Franck etc,…

J’ai eu la chance de découvrir Audrey dans une émission de télévision,  je lui ai demandé si mes élèves pouvaient consulter son blog , lui poser des questions et elle a accepté.  Ce sont des enfants, et c’est pour ça, certainement, qu’ils ont osé demander en toute simplicité ce que les adultes, moins « libres dans leurs paroles », n’auraient pas envisagé.

Ils sont ressortis « grandis » de ces échanges pour plusieurs raisons.

La première, c’est qu’Audrey leur a répondu la vérité, sans tabou, sans les prendre pour des bébés, en leur disant ce qu’il en était, en toute franchise.

La deuxième, c’est qu’ils ont vraiment réalisé que le mot « handicap » ne doit pas empêcher de vivre et qu’on peut être très fort (dans sa tête te dans son cœur (sic)) pour aller de l’avant, comme les autres, même si au départ, on a une incapacité.  « Après tout, m’a dit une élève, les lunettes, l’implant cochléaire (pour les enfants sourds) ou le fauteuil, c’est juste un accessoire et après on vit et on fait des choses comme les autres et de toute façon, même sans handicap, on ne pourra jamais tout faire alors… »

La troisième, c’est que leur regard a encore évolué et que jamais, ils ne se moqueront ou n’auront une appréhension face à une personne porteuse de handicap. Ils seront prêts à agir avec l’intelligence du cœur. Les parents m’ont également dit que cela avait donné lieu à des discussions intéressantes dans les familles.

Je remercie Audrey de sa gentillesse et de sa disponibilité.

 

Sensibilisation au handicap

Mes échanges avec les élèves

J’étais très curieuse de savoir ce que les enfants allaient penser de ce blog et ce qu’ils allaient retenir de mes voyages à roulettes. Les enfants n’ont pas (ou peu) de filtres, de retenue, et c’est quelque chose qui m’intéresse toujours. Je me souviens d’une intervention que j’ai faite dans un collège, autour du handicap et du voyage. Les langues de ces ados s’étaient déliées au fur et à mesure de notre échange. J’étais fascinée par la perspicacité et la lucidité de leurs questions. Il en va de même ici avec ces élèves de primaire. Leurs questions étaient intelligentes et pleines de sens. En voici quelques-unes pour vous donner une idée : 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de voyager?
Pensez vous que c’est facile de voyager quand on a un handicap? Y a-t-il des handicaps pour lesquels c’est plus facile?
Voyagez-vous toujours seule ou parfois avec d’autres gens qui ont des handicaps?
Faites-vous beaucoup de rencontres? C’est vous qui parlez aux gens ou les gens vous parlent en premier?
Qui prend les photos?
Quelle est la principale difficulté de voyager seule sans personne avec vous? Est-ce que parfois vous auriez envie d’avoir avec vous quelqu’un que vous connaissez?
Qui vous aide à monter dans l’avion ou le train?
Est-ce que c’est différent de la France les coins que vous visitez? Y a-t-il plus de moyens pour les personnes en fauteuil roulant?
Est-ce que parfois des personnes n’osent pas vous approcher?
Est-ce que votre maman et votre papa sont très inquiets quand vous partez?
Vous aimeriez un amoureux en fauteuil ou autrement?
Que vous apporte votre blog?

Démystifier le handicap

Si je partage avec vous cette histoire, ce n’est pas pour me faire mousser ou applaudir d’avoir pris le temps d’échanger avec ces enfants. Je l’ai fait parce que j’en avais envie. Et d’ailleurs, l’idée de vous en faire part m’est venue après coup. Non, si j’ai voulu vous en parler, c’est principalement pour deux raisons. D’abord parce que je trouve que ce que Annie fait avec et pour ses élèves est génial. Leur permettre d’exprimer leur opinion, d’élargir leur vision du monde, et d’accueillir « l’autre » sans crainte mais avec toutes ses richesses… Ceux sont des valeurs qui font écho chez moi. Cette sensibilisation au handicap et à la différence est quelque chose de primordial, d’autant plus chez les enfants. Je ne peux qu’imaginer et espérer que ça en fera des adultes censés et réfléchis.

La deuxième raison qui m’a poussée à partager cette expérience avec vous, c’est que je suis intimement convaincue que l’on peut tous agir en faveur du handicap, afin de le démystifier. Mon handicap n’a jamais été un tabou pour moi. Mon éducation y est sans aucun doute pour beaucoup. Je trouve que c’est une chance de pouvoir être capable d’en parler. Une chance pour soi, car la parole libère et permet d’accepter un peu plus sa différence. Une chance pour les autres, qui peuvent ainsi mieux comprendre et appréhender une autre réalité que la leur. Annie permet à ses élèves d’accueillir « l’autre » tel qu’il est est. Pour ma part, j’ai simplement partagé mon vécu.

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4 commentaire(s)
  1. daniel06/09/2015

    Sensible depuis longtemps à lhandicap toujours admiratif si je peut aider avec plaisir

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  2. titicha04/05/2019

    bonjour, je viens de tomber sur votre témoignage en faisans des recherches pour monter ma séquence sur le handicap pour des élèves de cycle 3 et j'ai littéralement fondue. C'est magnifique et bouleversant, très belle leçon de vie bravo à vous et plein de bonne choses. Merci pour ces enfants auquels vous avez accorde de votre temps. Les mots me manquent mais je suis tres admirative de votre courage, courage que nous personnes valides n'avons pas pour des choses banales parfois. Je vous souhaite le meilleur et une vie encore pleine d'aventures. Merci encore pour votre partage. admirativement

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    1. Audrey12/08/2019

      C'est moi qui suis touchée par ce message... Merci beaucoup ! Vos élèves ont ils été curieux par cette séquence sur le handicap ?

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  3. Smahane03/02/2020

    Bonjour Audrey Je reste très émue et admirative de votre courage et de votre sensibilisation auprès des handicapés .Je suis Aesh dans une école à Clermont-Ferrand et je regrette que les élèves dans cette école ne sont pas sensibilisés à 100% à l handicap à l'ecole. Une personne ayant réussi à conquérir ,traverser toutes ses étapes puisse venir raconter à ses élèves que l handicap n'en ai pas un finalement mais juste une force intérieure.Bravo 👏👏👏

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